Au Honduras, Xiomara Castro, femme de gauche, va franchir les portes du pouvoir
Pour la première fois de son histoire, le Honduras, petit pays d’Amérique centrale, sera gouverné par une femme de gauche. La victoire, dimanche dernier, de Xiomara Castro, l’épouse de l’ancien président Manuel Zelaya, semble désormais actée. Une consécration pour cette ex-première dame, cheffe du parti Libre, qui s’était déjà présentée en 2013 à l’élection présidentielle.
Honduriens la connaissent coiffée d’un chapeau de cow-boy blanc, vêtue de rouge. Xiomara Castro, ancienne première dame devenue présidente de l’un des pays les plus violents au monde. Elle avait choisi la lutte contre la corruption comme thème central de sa campagne. Une stratégie qui s’est avéré gagnante alors que son rival Nasry Asfura est justement accusé de malversation de fonds publics. Elle a plus de 20% d’avance sur ce dernier et devrait en toute logique accéder à la fonction suprême.
La violence et la pauvreté : les deux défis
La victoire a un parfum de revanche. « Douze ans de résistance n’ont pas été en vain », a-t-elle souligné lors de son premier discours, une allusion au coup d’État de 2009, qui a chassé du pouvoir son mari, le président Manuel Zelaya. C’était aussi à ce moment-là que Xiomara Castro décide de monter sur la scène politique, en défendant les couleurs du parti Liberdad y Refundacion (Libre), crée fondé par son mari. Sans expérience politique, elle s’est présentée à l’élection présidentielle de 2013 mais l’a perdue face à Juan Orlando Hernandez. Sa victoire aujourd’hui, elle la doit également à une large coalition de partis de gauche et de centre gauche qu’elle a pu réunir derrière sa candidature.
Mère de quatre enfants et âgée de 62 ans, elle n’hésite pas à réclamer dans son programme la légalisation de l’avortement thérapeutique et le mariage homosexuel. Des thèmes ultrasensibles dans un pays très conservateur où la grande majorité des habitants sont catholiques ou évangéliques.
Mais le plus grand défi pour la nouvelle présidente, proche du gouvernement vénézuélien, ce sera de lutter contre l’extrême pauvreté et la violence deux fléaux endémiques qui poussent tous les ans des milliers d’Honduriens à l’exil. En tant que candidate, elle avait promis de travailler avec l’administration Biden pour s’attaquer aux causes de la migration dans son pays. On verra quelle forme prendra cette collaboration alors que Washington voit d’un très mauvais œil le projet du nouveau gouvernement de gauche de se rapprocher de la Chine.
Les faveurs du secteur privé
Xiomara Castro devrait aussi relancer les relations diplomatiques avec le Venezuela, des relations mises à mal par son prédécesseur Juan Orlando Hernandez qui avait reconnu l’opposant Juan Guaido comme président légitime. Proche de Nicolas Maduro, Xiomara Castro ne souhaite toutefois pas copier les « modèles socialistes » comme Cuba, Venezuela ou Nicaragua.
Elle défend plutôt un « socialisme démocratique à la hondurienne ». En tout cas, celle qui a été dénoncée comme une « communiste » par ses adversaires politiques est bien accueillie par le monde des affaires. Le secteur privé s’est rangé rapidement derrière Xiomara Castro et s’est dit prêt à travailler avec elle. Les organisations patronales espèrent que la nouvelle présidente pourra tenir ses promesses qui consistaient à rendre le pays plus attrayant pour les investisseurs.